L’entrepreneuriat, ça motive. Les entrepreneuses, ça inspire. L’île Maurice, ça fait rêver. On a sorti le shaker, on a pris un peu de tout ça et on vous a concocté un cocktail de portraits frais et boostant ! Chaque semaine de septembre, on pose des questions à une entrepreneuse sur son parcours. Découvrez quatre femmes qui ont fait éclore leurs idées à Maurice, et tout ce qu’elles ont à nous apprendre !
Pour ce quatrième et dernier portrait de notre dossier, nous avons laissé la parole à Marie-Noëlle Elissac-Foy. Plusieurs vies, de nombreuses expériences, toujours de la passion. Cette Mauricienne inspirée aime les projets originaux qui sortent des sentiers battus, et y mettre tout ce qu’elle a. Trêve de bavardage ; pour ce dernier numéro, savourons juste un parcours initiatique vers l’entrepreneuriat comme on les aime !
La presse
J’ai eu plusieurs vies professionnelles. Dans les années 90, j’ai été journaliste un an, puis j’ai obtenu une bourse pour faire des études de lettres en France. Quand je suis rentrée à Maurice, je suis immédiatement retombée dans la presse. J’ai commencé comme secrétaire de rédaction pour le groupe média La Sentinelle. J’ai eu la chance de pouvoir gravir les échelons assez rapidement : j’y suis entrée en 1998 comme secrétaire de rédaction, et sortie en 2008 comme rédactrice en chef, en ayant travaillé pour des produits comme L’Express.mu, le magazine Essentielle que j’ai créé, ou encore le magazine Panorama qui est un conso-mag. Fonder le magazine Essentielle m’a permis de dépasser le rôle de rédactrice en chef et d’avoir un pied dans la communication, puisqu’il fallait travailler sur le lancement et tout ce qu’il y avait autour.
Le tilt
Quand j’occupais ces fonctions, des promoteurs d’événements venaient vers moi. Ils n’étaient pas organisés, ils ne savaient pas comment mettre leurs événements en avant, ni comment la presse fonctionnait. C’est un peu comme ça qu’une petite voix dans ma tête m’a dit « tu peux faire autre chose, tu peux être quelqu’un d’autre ».
La transition
Après ma carrière à La Sentinelle, j’ai eu une proposition d’emploi et l’opportunité de travailler dans l’hôtellerie. Pendant un an, j’ai travaillé sur des projets de responsabilité sociale d’entreprise. Je n’ai pas continué ; l’expérience ne m’a pas plu dans le sens où je voulais toujours travailler pour moi.
Quand j’ai quitté La Sentinelle, j’avais déjà 10 ans de carrière. La première chose que j’ai faite en quittant l’entreprise, c’était de créer la mienne : Talent Factory. En parallèle, j’ai fait plein de choses. J’alternais entre différentes activités et Talent Factory, à mi-temps, où je travaillais sur de l’éditorial et des relations presse. J’ai toujours mêlé et mené les deux de front. En 2015, je me suis finalement consacrée à Talent Factory à plein temps.
Quand on se lance dans l’entrepreneuriat, il y a toujours cette part d’angoisse. Est-ce qu’on peut tout lâcher et travailler pour soi ? J’ai pris mon temps avant de me décider à être à plein temps sur mon activité indépendante.
Aujourd’hui
Je fais des relations presse et des relations publiques pour des entreprises, des personnes, des associations diverses et variées. Je leur mets à disposition ma connaissance des médias, et aussi mon approche. Je crois que les gens approchent les événements avec un aspect trop marketing ; moi j’aime bien voir le « bigger picture », le message derrière l’événement que les gens doivent retenir.
Mon premier gros client était le label Made in Moris. Je suis ravie qu’ils me fassent confiance depuis trois ans maintenant pour leurs relations presse. C’est passionnant car c’est une démarche que j’adore, à laquelle j’adhère : tout est fait localement. C’est vraiment agréable de mettre en avant la marque et les personnes qui sont derrière, et de valoriser leur message.
Aujourd’hui, chaque client bénéficie de mes plusieurs vies professionnelles. J’aime quand on vient vers moi avec une problématique, et qu’on me demande ce qu’on peut faire de différent. C’est important pour moi de ne pas faire les choses comme tout le monde. Je suis passionnée, c’est peut-être un défaut de ma part mais je veux vraiment croire moi-même au projet de la personne et me donner à fond.
Justement, je viens de faire le lancement d’un petit cabinet d’audit interne et externe, pour une femme qui s’est mise à son compte. Elle est venue me voir en me disant qu’elle voulait faire quelque chose de différent. En parlant, on s’est aperçues qu’elle avait choisi un arbre comme logo, car elle adore ça. Je lui ai dit « dans ce cas, pourquoi tu n’aurais pas une exposition de bonsaïs à ton lancement ? ». Ces arbres qui sont petits mais solides étaient une symbolique parfaite pour son branding et son lancement. On a donc organisé un lancement corporate, mais qui commençait par une présentation sur le bonsaï, se continuait avec une mini-exposition, et un départ des invités avec des bonsaïs en cadeau. C’était le fil rouge de la soirée. Tout le monde l’a félicitée en lui disant que c’était excellent, que c’était original. On avait peur que ça ait l’air bizarre, mais finalement c’était un concept fort.
L’entrepreneuriat…
Smart Moves For Entrepreneurs est un mouvement que j’ai cofondé en 2016 avec Jean-Max Appanah, qui accompagne plus de 200 petites entreprises avec son cabinet comptable. Il s’est rendu compte qu’il lui manquait une plateforme pour les réunir ; nous avons donc créé cette plateforme. Le manque d’accès à l’information, pour les entrepreneurs mauriciens, est une grande faiblesse. Des choses se font, mais on n’a pas les bonnes informations. Le réseautage aussi, la mise en relation, c’est très important. On a besoin de partager avec d’autres personnes sur ses expériences.
Smart Moves For Entrepreneurs reste une initiative privée, on n’a pas voulu se structurer comme une association parce qu’on veut garder notre liberté.
… les femmes…
Je travaille en tant qu’indépendante, mais parfois je fais appel à d’autres personnes lorsque j’ai besoin de compétences complémentaires. La plupart du temps d’ailleurs, ce sont des femmes. Je trouve que c’est important car souvent, les femmes ont peur de se lancer. Etant femme moi-même, je peux leur donner cette attitude pour mieux s’exprimer, mieux s’épanouir si elles veulent se mettre à leur compte. J’ai un jour travaillé avec une stagiaire Graphic designer. Je lui ai dit « ne va pas travailler dans une agence, mets-toi à ton compte. Tu as les compétences, ça va fonctionner ». Je suis comme une accompagnatrice, j’essaie de les rassurer.
… et Maurice
Il y a un potentiel pour les produits locaux à Maurice. Les touristes deviennent de plus en plus intelligents, ils savent faire la différence entre un produit made in China et un produit mauricien. Et les femmes, pour tout ce qui est travailler avec les mains, artisanat, ont un potentiel. Il y a un deuxième potentiel dans l’entrepreneuriat au féminin, ce sont les services. Toutefois il ne faut pas voir l’entrepreneuriat comme la seule voie royale. Le plus important, c’est que la personne s’épanouisse dans le rôle qu’elle souhaite. Elle peut choisir de s’épanouir dans sa carrière, dans son rôle de maman ou autre, on n’est pas là pour juger.
Une vie de plus
Si je devais lancer un nouveau projet, j’ouvrirais une table d’hôte à Crève Cœur, là où j’habite. C’est un rêve !
J’aimerais aussi faire du tourisme vert, toujours à Crève Cœur. C’est un petit village magnifique dans le Nord de l’île, j’y suis depuis trois ans et il y a un potentiel énorme pour le tourisme de découverte de la région. C’est une vie très différente là-bas. Il y a des sentiers pour faire des trails, de la randonnée… C’est très vert. Tout le monde peut venir découvrir mon petit village !
J’adore votre article!! il m’insipire énormément!! J’ai récement lu un article presque similaire qui me fait penser que l’ile Maurice peut l’être bénéfique.