L’entrepreneuriat, ça motive. Les entrepreneuses, ça inspire. L’île Maurice, ça fait rêver. On a sorti le shaker, on a pris un peu de tout ça et on vous a concocté un cocktail de portraits frais et boostant ! Chaque semaine de septembre, on pose des questions à une entrepreneuse sur son parcours. Découvrez quatre femmes qui ont fait éclore leurs idées à Maurice, et tout ce qu’elles ont à nous apprendre !

 

La gestion et l’organisation, Karen les a dans la peau. Elle était probablement prédestinée à la logistique et à la conception d’événements ! C’est pourtant presque par hasard que Karen s’est retrouvée à la tête d’Agilex, une entreprise de livraison et de courses pour les restaurants. Le destin a aussi mis sur son chemin la SPIN, une nouvelle forme de workshops et team buildings rythmés qui promeuvent l’innovation à Maurice.

Entrepreneuse « formée sur le tas » mais qui sait ce qu’elle fait, Karen est la reine de l’optimisation du temps (on la soupçonne aussi d’être très douée à Tetris). Découvrez son parcours !

 

Bonjour Karen ! Peux-tu tout d’abord nous expliquer tes activités et ton histoire avec elles ?

Je gère avant tout Agilex, une entreprise de logistique et de distribution dont la majorité des clients sont des restaurants. C’était au départ l’entreprise d’un ami, que j’ai rejointe en proposant de lui donner un coup de main. Début 2017, il a pris la décision de se retirer. A ce moment-là, soit je reprenais l’entreprise, soit on mettait les employés dehors. Je ne voulais pas ça, j’avais envie de me battre encore pour ces gens-là. J’ai donc repris les rênes, et actuellement on est cinq dans l’entreprise.

La SPIN, c’est un concept que j’ai découvert en tant que participante. Je m’étais inscrite à ce workshop public, qui avait pour thématique le développement durable et la création de projets responsables. Pendant quelques heures, les participants sont mis en équipes et sont challengés durant des « sprints » chronométrés. Chaque sprint prend la forme d’une sorte de jeu de société, dont les règles nous amènent à créer des pitchs pour le projet, apprendre à manager, mieux collaborer… J’ai adoré l’événement, et je suis allée voir les organisateurs pour leur faire part de mon enthousiasme. Au même moment, je travaillais sur la conception d’un événement appelé le Pitchathon pour Project Getaway, une « colonie de vacances » pour entrepreneurs que l’on devait accueillir à Maurice. J’ai travaillé main dans la main sur ce projet avec Marine, la créatrice de la SPIN. Par la suite, j’ai participé à une seconde SPIN ayant pour thème l’exclusion sociale, cette fois en tant que coach pour les participants. C’est suite à cette rencontre avec Marine, et à son départ de Maurice, que j’ai finalement repris le projet SPIN pour le développer.

La gestion d’Agilex et de la SPIN sont aujourd’hui mes deux activités principales, et je gère également une galerie d’art à côté de ça !

 

Première SPIN : Karen n’était alors « que » participante !

 

Qu’est-ce qui t’a motivée à te lancer dans ces deux projets ?

J’adore structurer des projets, je trouve ça super intéressant. Un jour, une personne m’a dit que j’étais une « ingénieure organisationnelle » ! Une entreprise grandit puis elle devient rôdée, mais ça prend beaucoup de temps de faire une entreprise, et c’est ça qui m’intéresse. J’adore la réflexion stratégique qu’il faut avoir pour arriver à un point spécifique. J’aime aussi l’idée d’avoir aidé à créer des emplois, même si ce n’est pas pour beaucoup de personnes. Je ne suis pas dans les opérations directes des projets sur lesquels je travaille. Mon rôle et mon but, c’est de faciliter la croissance de personnes au sein de mes entreprises, de leur donner accès à de nouvelles responsabilités et de nouveaux défis.

Concernant la SPIN, ce qui me motive c’est la participation à la culture de l’innovation, de la collaboration. J’adore l’idée de pouvoir contribuer à créer ou développer ça à Maurice. L’idée de casser les réseaux traditionnels, pour en créer de nouveaux au moment d’un événement.

Au programme : brainstormings géants et colorés !

 

J’aime aussi le challenge. Quand j’ai fini mes études, j’avais vraiment besoin de sortir du monde théorique, pour avoir un peu d’expérience de vie. Et l’entrepreneuriat m’a donné ça, fois mille ! D’un coup tout a été accéléré, tout a été plus intense, et les enjeux ont été beaucoup plus gros que si j’avais été en entreprise en tant que salariée. Même si aujourd’hui, avec le recul, je me dis que ça aurait été bien d’avoir un peu plus d’expérience en entreprise. J’ai eu des expériences au Brésil, aux Etats-Unis, à Maurice aussi… mais elles manquaient un peu de responsabilités, et ça aurait été important pour moi avant d’arriver là où je suis. Malgré tout, cela m’aurait pris des années avant d’avoir un poste à responsabilités, donc ça a été un choix de ne pas gravir les échelons d’une entreprise, et de me former sur le tas.

 

Ces expériences à l’international, c’est tout de même formateur !

Oui, j’ai eu l’occasion de voir beaucoup de choses. J’ai travaillé dans le domaine des ressources humaines à Maurice, et j’ai aussi été en centre d’appel avant de partir aux Etats-Unis. Là-bas j’ai eu beaucoup d’expériences : j’ai fait un stage chez une avocate, un autre à Hollywood avec un acteur… J’ai vu pas mal de modèles de travail. Au Brésil j’ai fait du consulting, auprès de deux grosses boîtes qui étaient dans le pétrole. Quand je suis revenue à Maurice, pendant un an je me suis un peu cherchée. J’ai été consultante bénévole auprès de cinq PME, j’ai fait de la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), j’ai bossé dans une boîte de communication digitale… Et c’est après que j’ai lancé ma première entreprise, Curl Attitude. C’est aujourd’hui l’un des produits d’Agilex, qui importe et distribue des produits pour les cheveux bouclés. J’ai toujours voulu créer une entreprise, mais j’étais dans des pays qui ne me permettaient pas de le faire. Maurice a vraiment été le meilleur endroit pour moi.

Curl Attitude a initié en 2017 le Curl Fest, grande rencontre dédiée aux cheveux bouclés. Dans une démarche simple : la célébration et l’acceptation de soi !

 

Quelles compétences t’ont manqué au moment de te lancer ?

J’ai naturellement un esprit de gestion. D’autres expériences pro m’auraient toutefois permis d’avoir des fondations un peu plus solides, en finance par exemple. Avoir une connaissance plus aigüe de ces choses-là te permet de prendre des décisions. Parce que dans une boîte, tu as besoin de prendre des décisions chaque jour, chaque minute. Il n’y a aucun choix qui n’a pas de prix : tout ce que tu décides de faire ou de ne pas faire a un coût ! Je ne sais pas si j’aurais appris plus vite dans une entreprise, mais j’aurais aimé me perfectionner.

 

Tu as dit que tu avais toujours voulu entreprendre. Comment c’est venu à toi ?

Je fais partie de la génération qui veut avoir un impact, donc c’était assez naturel que mon envie d’entreprendre se développe. J’ai fait des études en relations internationales, je me destinais à travailler pour des ONG. Finalement, ce n’était pas le moyen d’avoir un impact pour moi. L’entrepreneuriat a été ce moyen.

 

Tu as dit aussi qu’aucun autre pays que Maurice n’a pu t’offrir la possibilité d’entreprendre.

Oui, tout simplement parce que l’un de mes indispensables, c’est le soutien de ma famille et de mes proches. J’ai besoin de ça, et je ne pouvais pas l’avoir en étant loin. Le réseau aussi est important, et il est moins large à l’étranger.

 

Quel est ton conseil à une personne qui souhaite entreprendre à Maurice ?

A Maurice, il faut se déplacer et aller voir les gens. Il faut privilégier le contact direct : pas de mail, ou même de téléphone. Quel que soit l’interlocuteur, même un fournisseur par exemple. Il faut rencontrer les gens au maximum et avoir de vraies interactions.

 

Hors entrepreneuriat, un conseil pro à partager à tous ?

Être curieux ! C’est quelque chose de personnel, c’est à chacun de développer cette curiosité. C’est elle qui permet de trouver des solutions. Une activité demande toujours optimisation ; rester curieux est une des clés pour s’améliorer, quel que soit le domaine finalement.

 

Une bonne adresse mauricienne à partager ?

Vaneron Garden Center, une pépinière à Trianon. Ils ont un super restaurant, dans un petit jardin. Je suis fan des endroits cachés, un peu improbables !

 

OP-TI-MI-SA-TION ! C’est le maître-mot de Karen ; ce serait presque une philosophie. Toujours au service de ses valeurs bien sûr : créer des emplois, voir grandir des personnes et des entreprises, c’est ça son moteur. Quels sont vos propres moteurs ? ?

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