Il y a trois ans Astrid, 37 ans, maman de trois enfants décide avec son mari de changer de vie, de quitter Paris et de venir s’expatrier à l’Île Maurice. Une expérience unique qui a bousculé leur vision du monde et cassé leur quotidien. Nous sommes allés à sa rencontre, dans son lieu préféré Mauricien : La Terrasse à Mapou.
C’est un petit café où la quiétude et la sérénité règnent sous l’ombre des cocotiers. Situé en face du château de Labourdonnais, cet endroit mythique regorge d’histoire, d’échange et de rencontre.
Autour d’un café et entouré du chant des oiseaux, Astrid se livre sur son expérience d’expatriée…
« Je suis Parisienne dans l’âme, j’ai toujours vécu là-bas. Il y a 16 ans, j’ai rencontré mon mari Guillaume sur Paris, nous avons eu trois petites filles dont une qui est née à l’Île Maurice.
À Paris, je travaillais dans le domaine du marketing digital en agence média et chez l’annonceur et Guillaume était dans l’immobilier.
À un moment de notre vie nous avons eu envie de vivre quelque chose de nouveau, de découvrir une nouvelle culture et de s’immerger dans celle-ci. Nous avons eu envie d’ailleurs. Nos deux filles alors âgées de 2 et 4 ans étaient encore petites c’était donc le moment de vivre cette expérience unique et de sauter le pas.
Nous voulions quitter la région Parisienne et aller s’installer en province mais cela m’a fait peur. Nous pensions depuis un moment à partir s’expatrier à l’étranger et un matin on s’est dit « On saute le pas. C’est le moment. » ». L’expatriation était alors une évidence.
S’expatrier à l’Île Maurice et rendre l’envie d’ailleurs possible
« Le frère de mon mari s’est lui aussi expatrié à l’Île Maurice, il y vit depuis 17 ans. Il nous a vendu tous les mérites de cette jolie île et nous a séduit. Savoir que nous avions déjà de la famille dans notre nouvelle vie de famille expatriée était important pour nous.
Notre décision de s’expatrier a pris 9 mois, le temps de préparer notre projet, d’avoir un plan et de bien se renseigner. Le plus compliqué a été les deux derniers mois avant le grand départ, on passait notre temps à dire « au revoir », à pleurer, à stresser et à se demander si on ne faisait pas une erreur. Dans ces moments, il faut savoir foncer, c’est extraordinaire de vivre comme ça.
Le premier jour où nous sommes arrivés sur le tarmac de l’aéroport à l’Île Maurice on s’est regardés avec mon mari en tenant nos filles dans nos bras en se disant « We Did It ! ». On a réussi à le faire, on vient de s’expatrier avec toute la famille à l’Île Maurice.«
L’installation de notre famille à l’Île Maurice
« Nous avons eu beaucoup de chance car mon beau-frère et ma belle-sœur avait une maison disponible pour nous le temps de trouver notre cocon et de s’acclimater à notre nouveau pays.
Ce qui m’a frappé c’est la maison dans laquelle nous avons emménagé, elle était en bord de mer et c’était incroyable. Auparavant, je n’ai toujours que connue la vue sur les immeubles. Je me rappelle de ce moment précisément où nous venions d’arriver, les bagages n’étaient pas encore défaites, je me suis mise sur la terrasse en contemplant la mer et là j’ai réalisé qu’une nouvelle vie s’ouvrait à moi. La chaleur réchauffait ma peau et l’air marin caressait mon visage. C’était comme un nouveau souffle.
L’installation de notre famille à l’Île Maurice s’est faite simplement et nous n’avons pas rencontré de grandes difficultés. Ce qui est rare car je sais qu’à l’Île Maurice il très compliqué de trouver une maison, les prix sont très élevés et les biens ne sont pas de qualité.
J’ai beaucoup d’amis expatriés qui viennent pendant une semaine quelques mois avant l’installation du jour-J pour trouver LA maison. Ils en visitent environ une vingtaine avant de trouver une maison qui leurs correspondent et répondent à leurs attentes. Le marché de l’immobilier n’est pas si évident à l’Île Maurice, nous avons eu beaucoup de chance. »
Les premiers pas de notre famille expatriée
« Nos filles se sont très rapidement acclimatés à l’Île Maurice. Ici, c’est le paradis pour les enfants. Elles vont à l’école française du Nord, sous les palmiers, entouré de végétation et du chant des oiseaux. Pour elles, c’est une expérience incroyable de vivre ça dès leur jeune âge.
Lorsque notre famille est arrivée, je ne disposais pas encore du WorkPermit mais mon mari oui. Je suis restée pendant 1 an à m’occuper de mes filles, à profiter pleinement de cette nouvelle vie d’expatriée qui s’offrait à nous. »
Nouveau challenge : Retrouver le chemin du travail
« Après quelque temps, j’ai trouvé un emploi dans une agence de communication à Mapou en tant que brand manager. Ça a été très facile pour moi de retrouver un poste dans mon secteur car ici ils recherchent beaucoup de talents dans le marketing digital. Les sociétés comme MeetYourJob vous permettent de trouver simplement un emploi sur l’Île Maurice.
Pour mon mari, les débuts ont été plus compliqués pour retrouver du travail dans la promotion immobilière car il faut avoir du réseau, connaître les lois du pays sur le bout des doigts et savoir s’adapter rapidement à ce changement. Ce n’est qu’après 3 ans, qu’il a commencé réellement à pouvoir développer son activité comme il le souhaitait. Ici, on dit beaucoup que les mauriciens ont une méthode de travail anglo-saxonne. C’est très enrichissant car on peut avoir des points de vues et des méthodes qui sont différentes. S’expatrier à l’Île Maurice, permet de voir les choses autrement, c’est ce que nous sommes venus chercher ici. »
S’expatrier à l’Île Maurice, c’est savoir aussi s’intégrer à un nouvel environnement
« Nous avons été très bien accueillies, les mauriciens sont très chaleureux et ouvrent leurs portes facilement. Avoir des enfants nous a permis de nous créer un réseau et de se faire des amis très rapidement. La plupart de mes amis, je les ai rencontrés par le biais de l’école de mes filles.
Si je pouvais donner des conseils pour s’intégrer rapidement dans un pays ça serait d’amener vos enfants à l’école si vous en avez, c’est essentiel à votre intégration. Allez dans des clubs de sports, faites des sorties bateau ou des cours de yoga pour rencontrer du monde et surtout n’hésitez pas à solliciter des associations et aller chercher des groupes Facebook. Par exemple à l’Île Maurice, vous pouvez contacter l’association « Maurice Accueil » permettant aux expatriés français de pouvoir faire des rencontres.
De manière générale, il est relativement simple de faire des rencontres à l’Île Maurice car ici beaucoup d’expatriés sont « sans famille ». Tout les expatriés cherche à élargir leur réseaux professionnel ou bien personnel. »
Savoir se reconnecter à l’essentiel
« Aujourd’hui, nous vivons une vie complètement différente et c’est extraordinaire ! C’est tellement enrichissant, nous faisons chaque jour de nouvelles rencontres. Nous avons quitté notre maison provisoire chez mon beau-frère et ma belle-sœur et nous nous sommes installés à Roches-Noires. Nous nous sommes exilés dans la Maurice profonde (rire) car je voulais avoir une maison en bord de mer à un prix raisonnable. Quand tu sais qu’il y’a encore trois ans, tu étais dans un appartement et qu’aujourd’hui tu es en bord de mer, c’est incroyable.
Nous sommes sur la plage et nous vivons beaucoup plus sainement. Nous essayons de réduire nos déchets au maximum, de ne pas être dans la surconsommation et de manger local. Ici, nous sommes en contact direct avec la nature et nous nous reconnectons à l’essentiel. Aujourd’hui nous avons une réelle conscience environnementale que nous avions moins à Paris.
Il y a beaucoup de personnes qui disent que l’Île Maurice est une terre initiatique, c’est-à-dire que nous venons ici pour chercher quelque chose au fond de soi, faire un travail sur soi et mieux se comprendre. Et je confirme ! Au delà de l’expatriation, cette île m’a beaucoup apporté et m’a permis de me redécouvrir. Depuis je me suis mise au yoga et à la méditation. C’est canon comme expérience de vie et il ne faut surtout pas hésiter à se lancer !«
Savoir peser le pour et le contre
« La vie d’une famille expatriée, n’est pas toute rose non plus. Il y a des avantages et des inconvénients comme partout. Tout d’abord la vie est très chère ici. Je pensais que nous allions pouvoir vivre plus aisément qu’à Paris alors que ce n’est pas le cas. J’ai perdu en pouvoir d’achat en vivant à l’Île Maurice.
Les écoles sont privées et les voitures sont chères, nous payons également une assurance très élevée pour être assurés ici et en France. Mon panier de course est quasiment deux fois plus cher qu’en France alors que nous essayons au maximum de consommer local et de ne pas être dans la surconsommation.
S’expatrier à l’Île Maurice avec toute une famille est chère, les billets sont très élevés. Nous rentrons au moins une fois par an en France et nous en avons pour au minimum 4 000 euros de billets aller-retour (2 adultes, 2 enfants, 1 bébé), alors qu’auparavant jamais nous ne dépensions autant pour des vacances. Il y a quelques inconvénients comme partout mais nous levons ces barrières pour pouvoir profiter à fond de cette expérience.
Avant de s’expatrier à l’Île Maurice, nous avions fixé une règle avec mon mari. Se dire que s’il y en a un de nous qui ne se retrouve plus dans cette vie, qu’il ne se sent plus à sa place et que cette sensation persiste, on arrête.
Cette expérience durera le temps qu’il faudra, nous profitons de chaque instant et vivons le moment présent. »
« Ce que j’apprécie le plus dans mon expatriation à l’Île Maurice c’est la lumière. En été, il fait jour à 5h15 et c’est très agréable. Le ciel est clair et la lumière est forte. On peut presque voir la voie lactée à l’œil nu et nous avons l’impression que si nous levons les bras au ciel nous pouvons toucher les étoiles. En février, je suis rentrée à Paris, pendant 10 jours il a fait gris non-stop. J’avais qu’une seule envie, c’était de rentrer sous le soleil !
Ce que je regrette le plus de la France c’est l’anonymat. Ici c’est un petit village, tout le monde se connaît. Si un jour vous avez envie d’aller boire un café et de croiser personne, c’est impossible. Parfois c’est appréciable et parfois ça l’est moins. Quand je rentre en France, c’est que j’aime faire c’est être anonyme. Me poser à une terrasse de café et croiser des millions d’inconnus.
La deuxième chose qui me manque le plus à l’Île Maurice, c’est de pouvoir marcher dans les rues pendant des heures. Ici, les routes ne sont pas adaptées pour les piétons, il n’y a pas de trottoirs et nous sommes obligés de prendre la voiture.
J’aime bien ce côté expérimental, où tu te dis que tu vis une vie différente.
Parfois la vie Parisienne me manque mais nous savons que c’est un temps. Guillaume à ses petites habitudes, il vit les choses différemment. Il a son boulot, le kytesurf, la maison et ça lui suffit. Parfois je lui demande « Pourquoi on ne rentrerait pas un jour ? », il me répond que oui parce que ça lui manque. Mais on fait tellement de choses ici qui sont impossible à Paris (rire), comme des barbecues, des sorties bateaux, des apéros sur la plage… On vit le moment présent. En 3 ans nous avons vécu tellement de choses, je ne les ai pas vus passés. De plus, la famille s’est agrandie, nous avons eu une petite fille ! C’est magique !
Je referais cette expérience mille fois, les yeux bandés si cela était possible ! Je ne regrette absolument rien, bien au contraire. »
Conseiller
« Si je devais conseiller quelqu’un sur son expatriation à l’Île Maurice je lui dirais dans un premier temps de foncer et de ne pas hésiter à vivre cette expérience unique ! De bien se renseigner au préalable sur le coût de la vie, les écoles. De ne pas hésiter à aller chercher des groupes Facebook, des groupes d’expatriés et de parler avec des personnes sur place pour avoir leur ressenti. Il faut surtout se créer un plan avant de partir et déterminer vos projets sinon vous pouvez très vite déchanter en arrivant sur place. Après avoir passé toutes ces étapes, il faut juste profiter, être ouverts, être qui vous êtes et rencontrer du monde. «
Se projeter
« Cette nouvelle vie m’a permis de me fixer de nouveaux objectifs et d’ouvrir de nouvelles portes. Aujourd’hui, j’ai choisi de me lancer dans un nouveau projet professionnel que je voulais faire depuis quelques temps, ce n’était pas le moment mais là ça l’est. Je me renseigne pour faire une formation en life coaching pour devenir à terme free-lance en life coaching.
L’Île Maurice est pays extraordinaire qui m’a aidé à me reconnecter avec moi-même et avec la nature. Nous avons une chance folle de pouvoir vivre cette expérience unique et nous profitons de chaque moment ! Je conseille à tout le monde de ne pas hésiter à vivre cela !
Vous en ressortirez changés avec une grande ouverture d’esprit et un regard différent sur le monde ! »